Traduire d’une langue à une autre est une affaire délicate, et lorsqu’il s’agit de faire l’interprète entre un médecin et un patient, les enjeux sont encore plus importants.
Prenons l’exemple du joueur de base-ball Willie Ramirez.
En 1980, Ramirez a 18 ans lorsqu’il est transporté, dans le coma, dans un hôpital du sud de la Floride, raconte Helen Eby, interprète médicale agréée d’Oregon. « Pour décrire l’état du jeune homme, sa famille, hispanophone, a apparemment utilisé le mot “intoxicado” », dit-elle. « Eh bien, “intoxicado” en espagnol signifie simplement que vous avez ingéré quelque chose qui vous a rendu malade. Ça peut être un aliment, une boisson, une drogue, enfin, n’importe quoi. »
Bref, la famille de Ramirez pensait qu’il avait mangé quelque chose qui pourrait être à l’origine de ses symptômes mais l’interprète a calqué le mot espagnol, or « intoxicated » en anglais est associé à la drogue.
« Le médecin a donc tout de suite diagnostiqué une overdose », explique Helen Eby. Quelques jours plus tard, l’équipe médicale s’est rendu compte que le problème de Ramirez était en fait une hémorragie cérébrale, mais il était déjà trop tard : il avait subi des lésions irréversibles au cerveau. « Il en est devenu tétraplégique », conclut Helen Eby.